En Normandie, l’agriculture et l’agroalimentaire constituent des filières d’excellence. L’agroalimentaire représente le 3e secteur industriel régional alliant tradition et innovation. Alors que l’ancienne Haute-Normandie est plutôt une terre agricole, de cultures assez diversifiées, l’ancienne Basse-Normandie est plutôt une terre d’élevage.
Des produits reconnus mondialement
La Normandie est la 1ère région française pour la production de crème, beurre, fromages frais et à pâte molle de lait de vache. La reconnaissance de cette qualité est démontrée par la labellisation AOP de 13 produits ; elle a permis d’asseoir la renommée de la région.
Aux côtés de produits traditionnels, un ensemble de marques internationalement reconnues et en forte croissance, permettent à l’agroalimentaire de participer pleinement au développement économique de la région. On peut citer ainsi, Bigard, Charal, Danone, Ferrero, Frial, Nestlé Ultra frais… Les ports ont permis d’importer des denrées qui sont ensuite transformées dans la région, comme le café, le cacao et le thé. En Normandie, l’agriculture valorise plus des 2/3 du territoire normand et emploie 40 800 personnes. Elle est plutôt tournée vers l’élevage (7 exploitations sur 10), mais occupe les premières places pour de nombreuses productions : viandes, pommes à cidre, huîtres, moules, coquille Saint-Jacques, lin textile. Elle est aussi la première région pour l’élevage de chevaux, et réunit sur son sol toutes les composantes de la filière équine.
Les cultures arables : une forte proportion de blé
Les cultures arables sont bien présentes en Normandie. 67 % de la Surface Agricole Utile (SAU) des exploitations agricoles normandes leur sont consacrés, ce qui représente 1,32 million ha, dont 642 000 ha pour les céréales en 2014. Trois zones sont plus spécialement orientées vers les grandes cultures : la Plaine de Caen-Falaise-Argentan, le Pays de Caux en Seine-Maritime, les plateaux du Neubourg et d’Evreux dans l’Eure. Les céréales, oléo-protéagineux et plantes industrielles (lin, betteraves, pommes de terre) assurent, en 2014, 29 % du produit agricole normand, soit 1,13 milliard d’euros.
La Normandie se distingue des autres régions françaises par une forte proportion de blé tendre dans l’assolement : 55 % des surfaces consacrées aux cultures de vente contre 40 % en moyenne nationale, en 2014. Une partie non négligeable des surfaces en blé se situe en zone d’élevage, où cette culture s’est développée depuis l’instauration des quotas laitiers. Elle y représente souvent la seule culture de vente. La Normandie produit essentiellement du blé destiné à l’exportation et à la consommation animale. La collecte régionale se répartit entre les collecteurs privés et les coopératives.
La filière laitière : poids lourd de l’économie régionale
La Normandie possède un troupeau de près de 580 000 vaches laitières, soit 16 % du troupeau laitier français. La Manche est d’ailleurs le 1er département français par la taille de son troupeau de vaches laitières, devant l’Ille et Vilaine. Le troupeau normand moyen s’élève à 65 vaches laitières (contre 58 en France métropolitaine). La race bovine normande est emblématique de la Normandie. Race laitière mixte, elle est élevée pour ses qualités laitières mais également pour sa viande. Elle est souvent associés à d’autres races dans les troupeaux laitiers, principalement à la Prim’Holstein (race majoritaire du troupeau laitier normand). Outre la race bovine normande et ses verts pâturages, la Normandie est également célèbre, en France et à travers le monde, pour la qualité et la diversité de ses produits laitiers. Parmi les produits phares, on peut citer les 6 AOC / AOP laitières normandes : le Camembert de Normandie, le Pont-l’Evêque, le Livarot, le Neufchâtel, le beurre et la crème d’Isigny. En 2014, le lait bovin représente 38 % du produit agricole régional, soit près de 1,5 milliard d’euros pour la Normandie.
La cidrerie : embryon d’une nouvelle dynamique
Le verger cidricole normand produit chaque année entre 300 et 350 000 tonnes de fruits à cidre. Les quantités de fruits à cidre transformées par l’industrie française se situent autour de 225 000 à 250 000 tonnes de moyenne annuelle, alors que la production de pommes à cidre, en France, est d’environ 500 à 600 000 tonnes. La production fermière française s’est développée et structurée. Elle valorise tous les ans entre 20 à 25 000 tonnes de fruits à cidre.
Avec moins de 2 litres par an et par habitant, la consommation du cidre en France arrive loin derrière le vin, la bière, les boissons rafraîchissantes sans alcool et l’eau. Le marché du cidre reste très saisonnalisé. En dehors du 1er trimestre (Épiphanie, Chandeleur, Mardi gras) et de la saison estivale, les ventes en grandes surfaces ont du mal à se développer. Outre cette forte saisonnalité, la consommation de cidre est caractérisée par de grandes disparités régionales, les premières régions de consommation étant celles de production : Normandie et Bretagne, notamment en milieu rural.
Afin d’endiguer la baisse de consommation, l’interprofession et les transformateurs ont multiplié les campagnes de communication et d’animation en magasin afin de promouvoir le cidre auprès de nouveaux consommateurs potentiels. Trente-huit producteurs se sont regroupés au sein de Normandie terre de cidre. Ils ont bâti une stratégie pour ramener la boisson sur les tables françaises et l’exporter.
Un objectif de valorisation de l’élevage normand
La demande des consommateurs évolue d’année en année, vers une plus grande qualité et une meilleure traçabilité : on aime savoir ce que l’on met dans nos assiettes. Avec les différentes crises alimentaires de ces 20 dernières années, les français ne donnent plus un blanc-seing aux industriels. Côté élevage, la Normandie reste une terre de référence : 99% des animaux ‘transformés’ en Normandie sont nés, élevés et abattus dans la région.
« La gastronomie commence au niveau de l’élevage, c’est un travail d’orfèvre si l’on veut pouvoir déguster des viandes de qualité » explique Pascal Grosdoit, dirigeant de la société familiale éponyme, entreprise spécialisée dans la sélection et la distribution de viandes. « Nous avons lancé la marque ‘Normandie Viande Héritage’ qui donne du sens aux professionnels de la filière bovine et qui nous permet de mutualiser les compétences et de réguler le marché. Auparavant, on ne s’occupait pas des éleveurs, on ne s’arrêtait que sur le produit. Nous avons à présent une reconversion de l’élevage normand avec une approche territoriale. Les éleveurs reprennent en main leur identité ».
Et de fait, il semble que la filière normande de l’élevage souhaite par exemple revoir la question de l’alimentation de leurs animaux, auxquels ils proposent de revenir davantage à de l’herbage, du foin, de la luzerne, du colza et même du lin. « Une alimentation de qualité apporte une plus-value supplémentaire au produit final. A nous de trouver des solutions pour que le consommateur puisse s’y retrouver au niveau des prix. L’un des moyens est d’optimiser les produits à vendre. Sur un animal, il y a des morceaux élitistes et des morceaux simples : après tout est dans la cuisine ! Aujourd’hui, on s’identifie autant aux habits que l’on porte qu’aux aliments que l’on mange. En France, l’alimentation, c’est culturel, on tend à revenir au plaisir de cuisiner ».
L’éducation à l’alimentation est essentielle. Normandie Viande Héritage propose aux scolaires de découvrir comment bien s’alimenter à travers une série d’animations au sein des restaurants scolaires. « Nous allons aussi à la rencontre de cuisiniers pour leur apporter quelques conseils de découpe pour mieux valoriser la viande qu’ils ont achetée ».