Alors que de tous temps la formation professionnelle était l’affaire des entreprises ou d’organismes publics – comme Pôle Emploi – qui décidaient des formations de leurs salariés et que ceux-ci ne décidaient qu’en marge de leur orientation professionnelle, la loi sur l’avenir professionnel, donne la main aux salariés pour leur formation continue. Une révolution pour laquelle les entreprises vont devoir faire preuve d’ingéniosité et les salariés de davantage d’appétence pour qu’elle se révèle positive en termes d’employabilité.
Adoptée en août dernier, la loi sur l’avenir professionnel ambitionne de donner aux salariés la possibilité de se former en continu, tout au long de leur vie professionnelle. Selon Muriel Pénicaud, Ministre du travail, cette loi se propose de donner aux salariés les moyens de faire face aux évolutions du marché du travail. En effet, la formation est considérée comme le moyen d’apporter la flexibilité nécessaire aux salariés pour préserver leur employabilité.
Si les cadres ont depuis longtemps cette nécessité de s’adapter aux réalités de la vie économique, les personnes les moins qualifiées ont trop souvent attendu les initiatives émanant des employeurs. Or, on a tous pu constater que les entreprises misent depuis toujours sur les hauts potentiels, les jeunes cadres de moins de 35 ans ; c’est à eux qu’étaient jusqu’alors réservées les sessions de formation.
Pour le gouvernement, les entreprises n’ont donc pas forcément fait face à leurs responsabilités dans le domaine de la formation et c’est bien souvent par la contrainte – malheureusement lors de PSE, que celles-ci ont développé des projets de formation pour les personnes les moins bien préparées au marché du travail…
Cette nouvelle loi vient bouleverser les habitudes de tous les acteurs de la formation. Tout d’abord le compte personnel de formation instauré il y a peu sera converti en euros, et non, comme il en était d’usage jusque-là, en heures. Auparavant, pour le convertir en valeur monétaire, et pouvoir financer une formation, il s’agissait de convaincre sa direction des ressources humaines ou l’OPCA (l’organisme collecteur) de sa branche. Ces organismes étaient tellement connus de la part du grand public que seuls 0,5 % des ouvriers utilisaient leur CPF, et que même chez les cadres, seuls 1,7 % d’entre eux utilisaient leur CPF.
La réforme favorise également les formations en ligne puisqu’il sera désormais possible de s’inscrire et régler sa formation, directement via son compte CPF. Pour accroître l’intérêt des formations, seules seront financées les formations certifiantes et les organismes de formation devront être labellisés.
Autre objectif de cette réforme : l’information des salariés sur les carrières, les formations et leurs débouchés. L’objectif affiché par le gouvernement est que chacun pourrait devenir maître de sa carrière et changer de secteur ou d’emploi plusieurs fois dans sa vie, sans que cela ne génère les drames auxquels les salariés licenciés ont dû faire face lors de la crise de 2008-2015, faute de préparation. Il s’agit donc aussi d’être mieux accompagné dans sa reconversion professionnelle : un changement espéré aujourd’hui par 64% des français, surtout par les jeunes. Ainsi, la loi ‘Avenir Professionnel’ met en place un nouveau dispositif de reconversion ou de promotion par l’alternance qui permettra aux salariés, tout en gardant leur contrat de travail et leur rémunération, d’accéder à une formation qualifiante en alternance, soit pour une promotion interne, soit pour une reconversion. Le CPF de transition permettra de changer de métier ou de profession dans le cadre d’un projet de transition professionnelle tout en bénéficiant d’un congé spécifique pendant le temps de formation. Pour tous ceux qui le souhaitent, ils pourront être accompagnés d’un conseil en évolution professionnelle gratuit. Des droits au chômage seront ouverts pour les démissionnaires qui ont un projet professionnel. De nombreuses places supplémentaires en apprentissage seront ouvertes, pour permettre à plus de jeunes de se former, jusqu’à 30 ans, y compris après une première expérience professionnelle.