Les biotechs : un monde qui a du potentiel sur le marché français

 

Depuis les années 90, la biotechnologie a eu un profond impact sur la façon de produire des médicaments et, aujourd’hui, son potentiel de développement est énorme. Au-delà du strict domaine de la santé (humaine et animale), la biotechnologie est aussi applicable dans des procédés industriels et alimentaires, dans le domaine de l’énergie, dans la cosmétologie…Appliquée au domaine de la santé, on parle désormais communément de healthtech. Un secteur composé de trois blocs distincts : les biotechs (utilisation du vivant), les medtechs (dispositifs médicaux) et les digitaltechs (intelligence artificielle, robotique, impression 3D, etc.). Le monde de la healthtech, on le sait, connaîtra, dans les prochaines années, une transformation extraordinaire qui sera notamment liée au séquençage de l’ADN, au développement de l’intelligence artificielle, aux progrès en matière d’équipements médicaux, et également à la combinaison de ces innovations entre elles.

 

Cocorico pour les biotechs françaises

 

En 2019, dans l’univers des biotechs, la France n’a pas à rougir des acteurs qui opèrent sur le marché. On référence ainsi plus de 2 000 entreprises de Healthtech françaises dont 750 biotech, 1 100 medtech et 200 entreprises d’e-santé dans l’écosystème. Plus de 60 créations de sociétés de biotechnologie ont lieu par an. On note également une forte croissance du nombre de sociétés d’e-santé à la croisée des biotechnologies, des dispositifs médicaux et du digital et notamment, une part croissante d’ETI. Selon France biotechs, les vingt sociétés tricolores les plus prometteuses pourraient impacter plus de 11 millions de patients dans l’Hexagone et 250 millions de personnes dans le monde. En termes de chiffre d’affaires, d’ici 2030, l’ensemble des healthtechs nationales devrait générer plus de 40 milliards d’euros et créer 130 000 emplois. Composé de startups essentiellement issues de la recherche publique, le secteur français de la healthtech est dynamique, diversifié et se structure. La filière de la healthtech française est en outre de plus en plus tournée vers l’international, les Etats-Unis et l’Europe caractérisant les principaux marchés. Ainsi, un tiers des partenariats est mené avec des acteurs étrangers, les équipes de recherche et sociétés européennes figurent parmi les premiers partenaires des entreprises françaises et en nombres d’accord, les Etats-Unis sont en tête du classement. D’ici 2030, ce ne sont pas moins de 250 millions de patients qui seront potentiellement traités par les 20 entreprises françaises les plus prometteuses et le secteur de la healthteh génèrera environ 40 milliards de chiffres d’affaires. Autant dire que ce marché illustrer une filière d’excellence pour la France, avec des opportunités importantes à venir autant pour les chercheurs, les ingénieurs que pour les patients.

Une excellence au niveau de la recherche scientifique avec des centres faisant partie du Top 10 mondial, une forte dynamique entrepreneuriale et un fort soutien public, le tout dans un environnement bénéficiant de l’un des meilleurs systèmes sanitaires au monde, autant d’arguments qui favorisent les conditions optimales de développement de cet écosystème.

 

De biotechs à biopharmas

 

La France avance donc avec plusieurs cordes à son arc sur le marché des Healthtech. Pour autant, trop peu de biotechs parviennent, à ce jour, à devenir des biopharmas. Beaucoup d’entre elles restent en effet bloquées au stade de la R&D sans avoir réussi à se structurer pour standardiser leurs processus de production et de commercialisation. Les biotechs ont tendance à se coter trop tôt sur le marché et, d’un point de vue réglementaire, les procédures sont plus longues en France que dans d’autres pays. Trouver le juste équilibre entre agir trop vite et trop lentement représente donc un enjeu de taille pour toutes les biotechs françaises. Mais il y en a certaines qui gagnent le défi. Citons par exemple Cellectis, une société nationale spécialisée dans le développement d’immunothérapies, récemment parvenue à passer ce cap biotech-biopharma. « C’est la capacité à concevoir des produits commerciaux de qualité qui détermine le succès d’une démarche de transformation d’une biotech-biopharma », précise. André Choulika, Président-directeur général de Cellectis. « Nos premiers concurrents sont nos partenaires eux-mêmes et c’est un aspect contingent au business model de la biotech qui consiste à licencier ses innovations à des partenaires. En effet, les grandes biopharmas, qui sont plus à même de promouvoir et de commercialiser nos innovations, sont aussi celles qui ont le plus de moyens pour développer ou acquérir des produits concurrents. Il revient donc à nos sociétés de développer des innovations suffisamment différenciées pour se faire une place dans le portefeuille des biopharmas, sans jamais perdre de vue la défense de nos intérêts. La deuxième catégorie de concurrents, ce sont bien sûr nos pairs, c’est-à-dire les autres biotechs qui, en France et à l’international, développent des produits répondant aux mêmes besoins médicaux que les nôtres. Parmi ces sociétés, les concurrents les plus sérieux sont ceux qui ont un accès facilité au capital par rapport aux entreprises tricolores. C’est le cas aujourd’hui, de manière générale, des sociétés américaines, israéliennes et, plus récemment, chinoises », ajoute-t-il.

 

Des atouts et une culture à consolider

 

Les business models des biotechs françaises sont plus sobres que ceux de certains concurrents américains, entre autres. Cela tient à la fois d’une culture agile réelle, mais aussi, peut-être, d’une certaine humilité. Ajoutons que les biotechs françaises peuvent aussi s’appuyer sur un environnement favorable, comme, en particulier, le Crédit d’Impôt Recherche, qui est une spécificité française qui permet de soutenir les sociétés innovantes sur la durée. « L’évolution d’une start-up vers une entreprise de taille intermédiaire est un processus complexe qui nécessite des évolutions majeures (…) avant tout au niveau managérial », souligne aussi Bernard Gilly, Président de IBionext. Le gel des essais cliniques provoqué par la crise du COVID-19 a en outre altéré irrémédiablement le lancement d’innovations, pivot des opérations de (re)financement.

 

L’avenir du business model des biotechs interroge donc plus que jamais les acteurs du marché et plus globalement du monde de la santé. La crise du COVID-19 a-t-elle finalement été une source d’opportunités pérenne pour les biotechs de l’hexagone ? Enfin, quelles sont les réelles perspectives de développement des biotechs en France et dans le monde à l’horizon 2022 ? Autant de questions dont les réponses sont à jour incertaines. Mais nul doute que la healthtech s’affirmera dans les prochaines années comme le fer de lance d’une industrie d’avenir pour la France et une nouvelle manne économique à encourager.

 

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