BIOFILM

Biofilm Control et Biofilm Pharma : du test de diagnostic au développement d’antibiotiques 2.0

L’aventure est aujourd’hui unique au monde. C’est après une mission à l’Institut Pasteur que Thierry Bernardi, pharmacien au parcours professionnel au sein de l’industrie, a développé un test de diagnostic pour détecter le comportement biofilm des bactéries. Ce test sera commercialisé en 2018. D’autres innovations suivront. Interview de Thierry Bernardi.

Quel est l’apport du test diagnostic que vous avez mis au point pour les malades ?

Nous savons aujourd’hui que les bactéries ont mis en place un subterfuge pour développer des résistances : en se regroupant et formant un film biologique appelé justement biofilm, elles ont la capacité à tolérer les antibiotiques. Il est devenu de plus en plus difficile de soigner les infections. Or, plusieurs types d’infection tels que les infections des plaies ou du pied diabétique où le biofilm est visible à l’œil nu, c’est le pus visqueux, constituent des problèmes importants de santé publique, notamment à cause des staphylocoques dorés. Par exemple, le pied diabétique représente environ 8000 amputations par an en France – 1,5 millions dans le monde – et coûtent à notre système de soin plus de 200 millions d’euros. Le test Antibiofilmogramme de BioFilm Control va permettre au médecin de recommander à son patient le meilleur des antibiotiques actuels efficace sur la formation du biofilm. Il a aussi pour avantage d’être rapide puisque le résultat peut être fourni en 4 heures contrairement aux tests antibiogrammes actuels.

« Notre technologie, qui nous permet d’étudier le comportement biofilm des bactéries, représente une avancée très importante pour le monde médical. Elle va créer une rupture en termes d’innovation, similaire à la découverte des antibiotiques ».

Mais vous ne vous êtes pas arrêté à cette innovation, et avez créé Biofilm Pharma en mai 2017. Quels sont vos domaines de recherche ?

Nous menons parallèlement deux types de recherche. D’une part, nous développons des produits antimicrobiens mais non antibiotiques, de purs antibiofilms. Ces traitements locaux permettront d’éviter l’utilisation d’antibiotiques. Ils pourront aussi être utilisés avec les antibiotiques existants qui n’ont pas de propriétés antibiofilm. D’autre part, renseignés sur les performances des antibiotiques existant sur le marché par nos recherches sur le test Antibiofilmogramme, nous développons des antibiotiques 2.0, plus efficaces, qui vont s’attaquer aux bactéries actives et en même temps, aux bactéries biofilm. L’objectif est d’éradiquer l’infection et d’éviter au patient des infections chroniques ou le développement d’une résistance à l’antibiotique prescrit. 60 molécules ont déjà été identifiées. Nous lancerons les premiers essais règlementaires courant 2018 et visons une mise sur le marché en 2025.

Vous révolutionnez donc la prise en charge des infections ?

En effet, dans moins de 10 ans, les médecins pourront traiter leur patient malade d’une infection à une plaie, par un traitement purement local avec l’antibiofilm local, par un traitement antibiotique classique renforcé par l’antibiofilm local ou l’antibiotique 2.0. Après l’ère des antibiotiques, nous ouvrons l’ère des antibiofilms, c’est vraiment une révolution.

Et sur le plan entrepreneurial, où en êtes-vous ?

Nous sommes une équipe de douze personnes, avec une importante puissance de feu parce que nous avons automatisé et standardisé notre technologie. Nous sommes labellisés ISO13485 : une prouesse pour une société première sur son secteur, donc sans référence. D’ailleurs, nous sommes déjà reconnus pour nos avancées ; nous avons ainsi été récemment partie prenante du World Antimicrobial Congress de Washington. Le test Diagnostic de Biofilm Control sera lancé en 2018 ; nous n’avons aucun doute sur le succès qui l’attend !
La société Biofilm Pharma n’a que quelques mois mais avance très vite dans ses recherches grâce à l’automatisation de nos process. Nous sommes actuellement en levée de fonds pour 8 millions d’euros afin de créer le premier antibiofilm puis atteindre la première phase de tests cliniques. Aujourd’hui, il n’existe aucune autre société au monde qui maîtrise cette technologie. Au-delà des financements institutionnels, nous souhaitons travailler avec des fonds d’investissement et des investisseurs privés

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