CELLPROTHERA

La biotechnologie au service du cœur, par CellProthera

CellProthera, société créée à Mulhouse en 2008, développe un concept thérapeutique unique de réparation tissulaire du myocarde pour les personnes ayant été atteintes d’un infarctus sévère. Cette thérapie est actuellement testée dans des essais cliniques de phase I/IIb. Interview de Matthieu de Kalbermatten, CEO de CellProthera.

C’est en consacrant de nombreuses années à la recherche sur les cellules souches et en tant que pionnier dans la greffe de moelle osseuse à partir de cellules souches sanguines (CSS) que le Professeur Philippe Hénon a eu l’idée d’utiliser ces mêmes cellules pour la régénération du muscle cardiaque lésé suite à un infarctus. Un premier essai pilote entre 2002 et 2006 lui a permis de traiter 7 patients ayant subi un dommage important au niveau du muscle et de la fonction cardiaque. Trois de ces patients étaient alors des candidats à la transplantation cardiaque. Les résultats obtenus lors de cet essai pilote ont montré une amélioration de la fonction cardiaque très importante, bien au-delà des attentes. Les patients traités, dont les candidats à la transplantation cardiaque, sont toujours en vie, plus de 10 ans après avoir reçu les cellules. C’est sur cette preuve de concept scientifique qu’est née CellProthera, fondée par Philippe Hénon, actuellement Président et son ami Jean-Claude Jelsch, Président du Conseil de Surveillance, dans l’objectif d’apporter une solution thérapeutique innovante au grand nombre de patients victimes d’infarctus en France et dans le monde.

Une thérapie peu invasive et sans risque de rejet

La thérapie que propose CellProthera commence par une simple prise de sang du malade, correspondant à la moitié d’un don de sang classique. Les cellules souches sanguines sont ensuite isolées puis multipliées in-vitro selon un procédé de fabrication propriétaire et en utilisant des équipements développés par CellProthera en collaboration avec des partenaires industriels.  Après un infarctus, on observe une forte augmentation des cellules souches en circulation dans le sang mais pas en concentration suffisante pour régénérer le muscle cardiaque. Notre thérapie propose d’amplifier ce phénomène naturel pour favoriser la régénération cardiaque.  Le produit final du procédé de fabrication est un greffon cellulaire qui est injecté par voie endovasculaire directement dans le muscle cardiaque du patient. Cette procédure, à la différence d’une opération de pontage, est mini-invasive et peut se faire dans le cadre d’une prise en charge ambulatoire. En outre, le patient reçoit ses propres cellules, ce qui élimine les risques de rejet du greffon et d’effets secondaires liés à un traitement immunosuppresseur inutile dans notre cas. Par ailleurs, CellProthera a fait le choix de développer très rapidement après sa création une plateforme technologique, constituée d’un automate d’expansion cellulaire et de kits à usage unique permettant de standardiser, simplifier et déployer le procédé de fabrication à travers le monde et au plus proche du patient, à moindre coût.

Un développement clinique en Europe et en Amérique du Nord

La phase clinique I/IIb dont l’objectif principal est de démontrer la sûreté de la thérapie mais aussi l’amélioration de la fonction cardiaque, est en cours en France et en Angleterre : 10 patients sur un total de 44 sont déjà inclus dans l’étude. « La mise sur le marché de notre thérapie en Europe et en Amérique du Nord va nécessiter une phase III qui devra démontrer l’efficacité du traitement sur un plus grand nombre de patients et qui devrait démarrer à partir de 2019».
Singapour, plateforme dynamique pour la biotechnologie

« Singapour offre un environnement très favorable à la recherche en biotechnologies, au développement et à l’adoption rapide de thérapies cellulaires qui peuvent apporter une amélioration significative des conditions de vie des patients n’ayant pas d’autres alternatives thérapeutiques. CellProthera y a déjà implanté une succursale et s’apprête à démarrer une étude clinique de petite taille destinée à valider la thérapie localement. A la suite de cette phase clinique, la mise sur le marché pourrait s’y faire plus rapidement qu’en Europe et se diffuser aux autres pays d’Asie».
Une société innovante

CellProthera, avec déjà 20 salariés, a certes encore le statut de start-up innovante sur le marché des biotechnologies mais « déjà beaucoup d’étapes ont été franchies, ne serait-ce que l’autorisation donnée par l’agence européenne EMA et l’ANSM de commencer une phase I/IIb en Europe. Nous avons bénéficié de plusieurs programmes d’aide à l’innovation du gouvernement français, environ 30% des 28 millions d’euros déjà levés depuis 2009 ». Et côté conseil ? « A une jeune entreprise innovante, je lui dirais qu’il faut avant tout un projet scientifique solide, des fondateurs et dirigeants passionnés, prêts à prendre des risques et capables d’enchaîner plusieurs marathons ! ».

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