Directeur de recherche à l’Inserm, directeur scientifique à l’Institut de cancérologie Jean Godinot à Reims, le professeur Armand Bensussan est aussi le fondateur de la start-up Orega Biotech à Ecully, il nous explique comment à l’Institut Godinot de Reims, la recherche fondamentale sur le cancer est associée à une valorisation économique et sociale.

Armand Bensussan, pouvez-nous présenter votre activité de recherche à l’Institut Jean Godinot ?

L’Institut Godinot est un centre de lutte contre le cancer qui appartient à l’entité Unicancer, tout comme les Instituts Curie à Paris, Gustave Roussy à Villejuif ou Paoli Calmettes à Marseille. La recherche dans notre Institut à Reims a pris un réel essor depuis quelques années sous l’impulsion de la direction générale.  La recherche fondamentale et translationnelle ont pour but d’identifier de nouveaux traitements qui relèvent de l’immunothérapie.

Qu’est-ce que c’est précisément l’immunothérapie ?

Cela consiste à utiliser ou réactiver le système immunitaire pour lui permettre d’être efficace dans l’élimination des cellules cancéreuses, ce qui est l’une de ses fonctions en situation normale. C’est une piste majeure dans le traitement de certains cancers. Par ailleurs, l’étude du microenvironnement tumoral va aussi permettre la mise en évidence des molécules cibles qui peuvent être à l’origine des cancers ou de leur agressivité.

Tous les types de cancers sont-ils réactifs à l’immunothérapie ?

C’est une approche thérapeutique récente. Elle sera efficace pour certains types de cancers dans l’avenir. Mais dès à présent on traite des cancers par immunothérapie avec des résultats significatifs. C’est le cas des cancers de la peau comme les mélanomes et les lymphomes T cutanés ou des hémopathies malignes comme les lymphomes non-hodgkiniens. A l’Institut Jean Godinot en partenariat avec Orega Biotech et l’INSERM notre intérêt s’est porté sur l’étude du microenvironnement tumoral d’un sous type du  cancer du sein, le triple négatif, un cancer inflammatoire. Nous avons ainsi montré le rôle  prooncogénique de l’Interleukine 17 qui est une cytokine proinflammatoire. Nous nous proposons de la neutraliser avec un anticorps monoclonal spécifique à des fins thérapeutiques.

Quels sont les avantages d’une structure comme la vôtre ?

L’institut Jean Godinot est un centre de soins à taille humaine, ce qui favorise une grande réactivité, qui a su créer une interface dynamique entre la clinique et la recherche. C’est là une situation idéale pour faire progresser les connaissances afin de développer les médicaments de demain en partenariat avec l’industrie. Nous avons sur un même lieu des cliniciens et des chercheurs disposant de plateaux techniques qui collaborent quotidiennement pour le bénéfice présent et à venir des patients.