Pour pouvoir sortit d’un contexte de recherche « pure » et se positionner comme un acteur capable de lancer et vendre des produits à des fins thérapeutiques, la biotech a souvent recours à ce qu’on appelle des CRO ou sociétés de recherche contractuelle. L’enjeu pour la biotech est de bien choisir sa CRO. Par exemple, elle pourra avoir besoin, en fonction de la molécule étudiée, de s’adresser plutôt à des CRO généralistes ou à des CRO spécialisées. Mais comment s’y retrouver et identifier la « bonne » CRO dans un univers en évolution constante et avec des sociétés de tailles différentes adaptées à des marchés et à des modes de collaboration différents et aux cultures industrielles diverses, voire opposées. Autre point non négligeable : le cahier des charges. La biotech doit absolument bien le définir en amont et être capable de challenger les propositions des CRO.
Une valorisation pour la biotech
S’octroyer les services et les compétences d’une CRO sont souvent un atout majeur pour valoriser le travail de recherche de l’équipe de la biotech. La force d’une CRO repose sur la mise à disposition d’une stratégie de développement produit, d’un point de vue méthodologique et statistique. Elle peut notamment orienter la biotech pour le positionnement de son produit en termes d’aire thérapeutique, de choix et de nombre des indications à développer en priorité. La question du positionnement produit est importante, notamment lors de négociations avec un laboratoire pharmaceutique. Autre intérêt pour une biotech à passer par les services d’une CRO, l’appui de compétences externes que la biotech ne peut pas se permettre d’avoir en interne, notamment sur le volet conseil médical. La CRO doit aussi être force de conseil dans les domaines méthodologiques opérationnels et réglementaires, sans oublier, celui de l’assurance qualité. Autant d’expertises complémentaires qui permettent à la biotech d’avancer en toute sécurité et de garantir l’avenir du produit qu’elle développe.
Des exemples de partenariats réussis
En juin 2021, ONCODESIGN, groupe biopharmaceutique spécialisé en médecine de précision, annonce aujourd’hui un accord de collaboration stratégique avec la société Covalab, spécialisée dans le développement et la production d’anticorps à façon, avec une bibliothèque unique de « nanobodies », CheMatech, leader européen de la conception, synthèse et fourniture d’agents chélateurs, et ABX-CRO, spécialisée dans le développement préclinique et clinique de radiopharmaceutiques en oncologie. L’alliance de ces expertises permet le lancement de l’offre DRIVE-MRT™ (Molecular RadioTherapy) regroupant l’ensemble du processus de Drug Discovery spécialisé en radiothérapie systémique ciblée (Théranostique) ; depuis la génération des vecteurs biologiques radiomarqués, l’optimisation des leads, la génération de candidats médicaments précliniques, jusqu’à l’IND et la conception et gestion des études cliniques radiopharmaceutiques. La solution DRIVE-MRT permet la rationalisation, la conception et l’optimisation de produits radiopharmaceutiques ciblés et efficaces contre certains cancers métastatiques. Autre exemple : Biotech Santé Bretagne a développé des modèles précliniques pour le traitement du cancer du poumon. Ces modèles visaient une utilisation par Biotrial (CRO) pour le compte de clients de l’industrie pharmaceutique et biotechnologique afin de réaliser les études précliniques de molécules thérapeutiques en développement seules, ou en combinaison. Les modèles visaient également une utilisation par les chercheurs en cancérologie de Biosit et de l’unité Inserm U1242 COSS pour leurs projets de recherche. Le projet de développement de ces nouveaux modèles précliniques nommé « MoPCaP » a été mené dans le cadre du dispositif Inno R&D collaborative (Région Bretagne) et accompagné du montage à la clôture par Biotech Santé Bretagne. Enfin, en 2020, en intégrant la CRO spécialisée dans les pathologies respiratoires et les maladies orphelines, le groupe Nuvisan a pu élargir son expertise
et répondre aux besoins actuels du marché. Cette acquisition a permis à Nuvisan d’avoir accès à des populations de patients très difficiles à recruter, comme les patients atteints de mucoviscidose. Inamed est également l’une des rares CRO au monde à proposer des études de profil de flux pour les produits inhalés par voie orale en combinant en un seul et même lieu toutes les compétences nécessaires (préparation technique des dispositifs, mesures de profil de flux, performance clinique en interne et gestion de certains sites pédiatriques externes).
Les groupes pharmaceutiques resserrent aussi de plus en plus leurs liens avec les écoles d’ingénieurs, spécialisées dans l’univers de la santé et des biotechnologies. Citons ainsi en 2019 le partenariat conclu entre Sup’Biotech et Sanofi, lors de l’exposition de l’usine extraordinaire, au grand Palais à Paris. Une nouvelle étape de franchie pour Sup’Biotech qui devient la 3e école partenaire de Sanofi et qui formalise plusieurs années de collaboration avec Sanofi, le leader de l’industrie pharmaceutique.
Zoom sur les partenariats noués avec des sociétés « early stage »
Les laboratoires pharmaceutiques développent actuellement de plus en plus de partenariats avec des sociétés « early stage ». Ces partenariats sont souvent les plus prometteurs et les moins risqués financièrement. Le domaine de l’immuno-oncologie, par exemple, est l’un de ceux où la recherche est la plus foisonnante : les partenariats avec les biotechs de ce secteur permettent aux groupes pharmaceutiques d’être au plus près des dernières innovations. Afin de renforcer leurs partenariats avec ces sociétés « early stage », les laboratoires pharmaceutiques mettent en place des approches de type « soft partnering ». Un plus qui permet à ces derniers d’identifier en amont, les technologies les plus prometteuses. Ce « soft partnering » prend des formes variées : campus d’innovation, laboratoires de recherches partagés, soutien à des réseaux d’entrepreneurs, forum de networking, prix d’innovation…Quant aux biotechs impliquées dans ce « soft partering », elles en profitent pour nouer des relations de confiance avec des grands groupes pharmaceutiques et mieux comprendre leur fonctionnement. Les opérations de fusions et acquisitions sont aussi un moyen pour les groupes pharmaceutiques de développer leurs pipelines de produits et consolider leurs activités, ou de se recentrer sur certaines aires thérapeutiques ou domaines d’activités. Si ce type d’opérations impliquent le paiement d’un premium et comportent un risque significatif, au regard de l’intégration de nouvelles équipes ou de nouveaux actifs, les partenariats permettent, eux, en revanche, de conserver la culture dynamique et l’esprit d’innovation des biotechs, tout en leur apportant les sources de financement mais aussi l’appui dont elles ont besoin en termes de compétences et d’expertises.